Sur le papier, la journée doit se passer tranquillement. Certes, il y a 60km à faire avec 650m de dénivelé positif mais il y a un peu plus de 1000m de dénivelé négatif donc de longues portions sur lesquelles se reposer. Nous sommes censés rouler sur une ancienne route donc normalement macadamée et sans circulation.
Mais c'était sans compter sur la météo! Nous avons perdu une vingtaine de degrés (de 25 à 5 environ) depuis hier et il pleuvra à peu près toute la journée. Avec ça, on aura droit dans l'après-midi à de belles rafales de vent. Donc à 5°C, trempés, en plein vent dans les grosses descentes, bah ça caille...

Au moins la route a tenu ses promesses et nous étions bien tranquilles sur notre vieille route de balkans. Bien sûr, il y avait quelques passages un peu plus pourris que d'autres, comme par exemple le pont effondré qui nous force à traverser la rivière directement dans l'eau. Mais dans l'ensemble ça roulait pas trop mal.
La Macédoine est un des rares pays où tout est fermé le dimanche donc nous n'avons rien trouvé d'ouvert pour faire la pause. Cependant, une terrasse couverte d'un restaurant était accessible et nous y avons piqueniqué. On était un peu gêné quand le proprio est arrivé. Mais il était très gentil et ça ne l'a pas dérangé du tout.
Finalement, nous sommes arrivés vers 16h à КумановоKoumanovo, la deuxième ville du pays, où nous avons réservé un appartement avec un garage pour le vélo! Nous y passerons trois nuits afin d'aller visiter.

Entre КумановоKoumanovo et СкопјеSkopje, il y a à peine une trentaine de kilomètres. Nous n'allons pas tout à fait en ligne droite car il faut franchir une grosse colline et ça laisse une quarantaine de bornes à pédaler.
Mais nous commençons par un petit arrêt à 500m chez le vélociste de la ville. Petite explication: hier, en bricolant, j'ai pété le collier de serrage de la selle avant. J'en ai un de rechange mais il s'avère qu'il est un ou deux millimètres trop grand et ça ne va pas... Nous avons donc passé une bonne partie de l'après-midi à la recherche d'un magasin de vélo, ce qui s'avéra assez difficile en fait, malgré la taille de la ville...
Finalement nous sommes arrivé chez VELO-M (ironiquement à deux coins de rue de chez nous) et bien qu'il n'aie pas la pièce qui va bien, le vélociste a passé près de deux heures à tout essayer et bricoler un truc qui tient au poil!
Au moment de payer, comme souvent, il refuse notre argent! Nous nous sommes donc séparés avec une photo souvenir et de nombreux remerciements. Et, ce matin donc, nous sommes venus lui apporter des pâtisseries avant de partir!!

Ensuite, en route, il y a une petite autoroute qui fait le même trajet que nous, du coup, sur la nationale que nous empruntons, il n'y a personne. Il fait 20°C, un grand soleil, presque pas de vent. Nous avons autour de nous les montagnes, c'est très joli.
Nous devons répondre à un nombre vraiment très élevés de saluts, de signes, d'encouragements et de coups de klaxon amicaux. Il y a également pas mal de photos et de vidéos prises. Bref, jetez un oeil sur les réseaux sociaux macédoniens, on est bien représentés.
Il y a donc une belle colline à franchir. En haut de cette colline, il y a des décharges sauvages en combustion dont la fumée nous étouffe quand on la traverse, mais sinon les vues sont belles. On a СкопјеSkopje en contrebas et les montagnes des parcs nationaux de МавровоMavrovo en Macédoine et de Malet e Sharrit au Kosovo.

Nous traversons toute la capitale par une longue piste cyclable qui longe le fleuve ВардарVardar. Ça pourrait être pas mal, sauf que d'abord on a galéré pour trouver l'entrée. On s'est retrouvé à explorer des décharges (c'est pas trop grave parce qu'elles sont pleines de chiens tous mignons) et à faire quelques demi-tours dans les déchets. Ensuite, une fois sur la piste de très bonne qualité, on a été embêté par des travaux qui nous forcent à sortir de la piste mais rien n'est prévu et nous avons dû faire des cascades pour sortir du lit du fleuve et y rentrer sur l'autre berge.
Rien de méchant car la journée est courte mais on a perdu une petite heure...
Rebelotte à notre arrivée, notre proprio qui gère deux appartements voisins nous a amené dans le mauvais. Et après avoir monter bagages et tandem, on s'est rendu compte qu'il fallait déménager (un appart sans machina à laver, ce n'est pas pour nous)! Encore une fois, rien de grave mais beaucoup de temps et d'énergie perdus.
Cependant, nous sommes désormais bien installés dans le coeur de СкопјеSkopje pour une semaine de visite.

Il fait beau, il fait chaud à СкопјеSkopje, la capitale de la Macédoine du Nord. Alors pour se rafraîchir, les Skopiotes se rendent à une quinzaine de kilomètres de là, dans le canyon МаткаMatka. Il faut 50 minutes de bus pour y arriver. Là, on découvre d'abord le barrage, plutôt modeste, sur le fleuve qui a crée le réservoir МаткаMatka.

Le chemin longe le réservoir, à flanc de montagne, jusqu'à la jolie petite église de Saint-André. D'ici nous sommes partis en balade en bateau pour une heure (500 denars par personne, soit 8€). Un gamin d'une douzaine d'années était notre chauffeur! Il nous a conduit jusqu'à la cave de ВрелоVrelo que nous avons visitée. L'entrée est marquée par un gros stalagmite en forme de pomme de pin.

Au retour, on nous informe que le bus ne pourra pas passer (trop de voitures mal garées sur cette route étroite l'en empêche). Alors, grâce au savoir-faire de Sandrine, on négocie un taxi pour rentrer en ville (500 denars).

Voici quelques vues à 360° de ces derniers jours, dont une du canyon МаткаMatka:

Les visites guidées gratuites à pied, c'est le top. Notre guide Vasko nous a raconté l'histoire sulfureuse du pays. Indépendante depuis l'éclatement de la Yougoslavie, elle n'a acquis son nom actuel de "Macédoine Du Nord" qu'en 2018 car la Grèce s'oppose farouchement à "Macédoine" tout court (ayant une région de Macédoine Thessalonique, les Grecs redoutaient que la Macédoine ne soit prise d'une envie de les envahir...)

La capitale, comme beaucoup d'autres villes ici, possède un Boulevard du Maréchal Tito. La ville a été détruite par un séisme en 1963, et la reconstruction à l'ère soviétique a été marquée par une architecture de type "brutaliste": de gros blocs de béton gris qui ont pourtant un certain charme de science-fiction.

La dernière métamorphose de la ville a eu lieu à l'occasion du projet Skopje 2014: les berges du fleuve ont été aménagées et bordées de musées et autres bâtiments officiels de style néo-classique, magnifiques. De nombreux ponts piétons, des artères piétonnes sur des kilomètres, des blocs d'immeubles avec cour intérieure et jardins: le centre-ville est extrèmement agréable à parcourir à pied.

On avait repéré cette troupe nationale TANEC: des chanteurs, danseurs et musiciens donnant des spectacles folkloriques en Macédoine et ailleurs. Nous avons eu la chance de voir leur spectacle de Pâques lors de notre séjour dans la capitale.

Les airs de musique et les instruments nous ont fait penser à la Turquie: clarinette, guitares, percussions et flûtes, pas de cuivres. Les tenues sont typiquement locales: de lourds tissus, de longues tuniques blanches brodées, tenues par une large ceinture et une veste par dessus. Les femmes portent souvent des foulards sur la tête et on voit leur longue natte qui dépasse. Les chaussures sont des sandales tressées en cuir.

On retrouve les chants polyphoniques qu'on avaient déjà entendu en Géorgie et en Ukraine. C'était un très beau spectacle dans la salle de l'opéra et du ballet de СкопјеSkopje.

La cuisine en Macédoine: on adore! D'abord il y a du choix. On aime l'Ajvar: une purée de poivrons, de piments et d'ail, servis sur du pain grillé, avec du fromage de type Feta. On aime les Boureks, qu'on avait déjà goûtés en Turquie et en Bulgarie: un feuilleté au fromage, aux épinards ou à la viande. On a aussi découvert la carbonnade flamande originaire de Turquie: le Tas kebab! Et le Tavtché-Gravtché: des haricots blancs à la sauce tomate cuits au four.

Contrairement à la Bulgarie, ici les restos ne sont vraiment pas chers. Hors de la capitale, on pouvait manger pour 8€ à deux. Dans la capitale on dépense entre 12 et 15€ en moyenne pour un repas à deux. Et on se régale.

Bon c'est vrai qu'à chaque fois qu'on ressort d'un resto ici, nos vêtements puent la cigarette... Eh oui ici c'est encore toléré de fumer dans les restos et les bars. C'était aussi le cas en Arménie. Mais ça vaut le coup!