უშგული - ლარჩვალიUshguli - Larchvali
Aux pieds des glaciers
Dimanche 19 Septembre 2021
Il fait 7°C ce matin quand on sort. Mais les nuages sont enfin partis et nous découvrons les hautes montagnes et les glaciers alentours. C'est carrément la classe. Nous faisons des adieux un peu prolongés à notre hôte de უშგულიUshguli (nous nous sommes pris d'affection mutuellement). À ce moment-là, deux cyclistes (Bertille et Romain) passent dans notre petite ruelle de cailloux. Ils s'arrêtent pour admirer notre monture et il se trouve qu'ils sont Français et qu'ils font à peu près la même route que nous. Nous les recroiserons donc certainement.
Cinq cents mètres de dénivelé qui s'étalent sur huit kilomètres restent à franchir pour arriver au უღელტეხილი ზაგაროcol de Zaguro à 2623m. Nous ne savions pas encore comment le franchir car il y a 3-4km entre 10 et 15% dans des chemins de boue. Avec notre charge, nous savons que c'est physiquement impossible à franchir en pédalant (ça patine vers 9%) et pousser dans la boue à 15% est un challenge que nous ne sommes pas vraiment sûrs d'avoir envie de relever de nouveau (on a essayé en Ukraine et c'était bien pourri). Donc on avait pensé demandé à un taxi de nous monter les bagages et nous le ferions à vide. Mais la remorque qui a cassé à cause de la route nous a un peu refroidit, et de manière générale quand ce n'est pas nous qui manipulons nos affaires, il y a toujours un truc qui casse. Et on n'avait pas vraiment envie de se retrouver à 2623m avec une ou deux sacoches qu'on ne pourrait pas attacher ou un truc comme ça...
Résultat, on a pris la solution la plus honteuse, on s'est fait monter en voiture nous, le vélo et les bagages!
Rétrospectivement, c'était un bon choix. La montée était faisable à vélo mais on aurait passé beaucoup de temps à pousser (on sait faire mais c'est fatigant et peu intéressant). Aussi quand on a vu comment notre conducteur voulait juste benner n'importe comment vélo et bagages dans la voiture: clairement si nous n'avions pas été là, on aurait eu a minima une roue voilée. Et puis, même si nous avions quelques remords au départ, finalement nous ne sommes pas là pour prouver quoi que ce soit. Le but est de se faire plaisir et de voir du pays. Et pour ça, nous n'avons pas été déçus!
Arrivés à 2623m, le 4x4 nous quitte, nous remontons donc le tandem et passons un certain temps à admirer les sommets et les glaciers. Nous sommes entre autres en face du შხარაShkhara, le sommet le plus imprononçable mais surtout le plus haut de Géorgie (et troisième d'Europe). Il culmine à 5193m tout de même.
Cependant, admirer c'est bien mais il faut tout redescendre désormais. Et les premiers 25-30km, tout en n'étant toujours pas bitumés, sont très très pentus. On devra s'arrêter trois fois pour resserrer le frein à disque dans la descente! C'est très sportif et assez difficile car avec la charge, il nous faut éviter un maximum de chocs si l'on veut conserver nos roues pour quelques autres dizaines de milliers de kilomètres que nous avons prévus.
En contrepartie, nous continuons d'admirer les massifs montagneux, car à chaque lacet nous avons de nouveaux points de vue.
Puis arrive enfin, l'asphalte. Là c'est plus tranquille, on peut enfin laisser la pesanteur faire tout le boulot et nous n'aurons pas beaucoup besoin de pédaler pour parcourir une centaine de kilomètres. Ce côté-ci de la montagne est moins habité et il faut attendre d'être redescendu vers 1300m pour voir quelques habitations régulières (dont une avec une énorme statue de Staline dans le jardin! (nous sommes assez proche de sa ville natale et la Géorgie a toujours résisté à la déstalinisation)).
Avec tout ça (tout de même plus de 2700m de dénivelé négatif), il est presque 19h quand nous arrivons à notre maison d'hôte. Ou devrais-je dire à l'endroit où on nous a indiqué qu'était notre maison d'hôte. Mais à cet endroit, il y a un camping fermé et rien d'autre de plus qu'une route de galets qui monte abruptement dans les montagnes (pour ceux qui ne savent pas ce qu'est une route de galets: vous imaginez un chemin qui monte à 12% et au lieu de mettre du bitume, vous mettez pour tout revêtement des gros galets comme sur les plages d'Étretat par exemple. Super pratique à vélo!).
Nous commençons à gravir la pente mais ne voyant rien, nous nous arrêtons pour aller explorer avec le drone. Ça peut nous éviter de franchir des montagnes mais il faut se dépêcher car il commence à faire nuit. Avant d'avoir pu décoller, une voiture s'arrête à notre niveau et nous demande si nous allons à la maison d'hôte. C'est notre hôte,
ზვიადიZviadi. Il nous propose de mettre des sacoches dans sa voiture et nous acceptons car manifestement il faut bel et bien prendre la route de galets. En fait, la maison est à plus d'un kilomètre du point que l'on nous a indiqué. Et il faut monter une centaine de mètres de dénivelé puis les redescendre sur des chemins vraiment pourris.
En faisant tout ce chemin, nous maudissons la personne qui a mal indiqué l'emplacement car connaissant le réel emplacement, nous ne serions jamais venus là. Surtout qu'il faudra refaire la même galère pour repartir demain!
Cependant, ces déboires seront très vite oubliés car nous passerons une super soirée avec ზვიადიZviadi. Nous avions choisi cette maison car elle proposait également le dîner. Sauf que nous les avons prévenus un peu tard et ce n'est plus la saison. Donc nous étions partis pour manger nos biscuits de secours que nous avons toujours avec nous. Mais ზვიადიZviadi nous a dégoté quelques fonds de placards (knacki, tomates, concombres, fromage, pain et vin maison) et nous avons passé la soirée autour des victuailles à discuter en russe.
Apparemment, une tradition locale est de porter un toast puis de s'envoyer une coupelle de vin cul-sec. Nous avons toasté un certain nombre de fois (supérieur à 10) et il faut bien avouer que l'un de nous deux (par charité on ne dira pas lequel (ou laquelle)) n'aura pas résisté jusqu'au bout et devra vomir quelques fois avant de dormir. Et bonjour la gueule de bois sur le vélo le lendemain!
Bon moi, je ne faisais plus trop le malin en allant me coucher mais j'étais un poil plus frais. Cependant, nous avons passé une soirée (et en fait une journée) que l'on ne risque pas d'oublier de si tôt.
Il n'y a pas encore de commentaire à cet article.There's no comment yet for this partコメントはまだありません