km 1660: Lundi 04/08/2014
J'ai bien dormi sur le canapé du salon et je me lève un peu avant 9h. J'ai deux missions essentielles pour la journée et j'aimerais aussi trouvé un cybercafé pour préparer la semaine qui vient. Je prends un tout petit déjeuner avec Jo puis elle m'indique l'adresse des deux plus gros vélocistes de Liverpool. Aussi elle me montre un boulevard à côté de chez elle où je trouverai sûrement un réparateur de téléphone, voire plusieurs.
Je remercie Jo pour tout, on prend une photo souvenir et je m'élance sur le boulevard précédemment mentionné. Très vite je vois un réparateur d'ordinateur. Je vais y tenter ma chance, dès fois qu'il ferait du téléphone également. Pas de bol, ils ne font que de l'ordinateur. Par contre, le petit monsieur est super sympa et me dit qu'il connait bien un magasin qui a très bonne réputation et il m'explique commet y aller. Ce n'est pas du tout dans la direction où je dois aller, c'est assez loin et les explications sont compliquées. Mais je décide néanmoins de les noter et de tenter le coup parce que le bonhomme est très enthousiaste et sympathique. Et j'ai envie d'y vroire.
Bon, sur la route, je me rends compte que ses explications étaient assez approximatives (ou j'ai mal compris?) mais avec les plans que j'ai photographiés hier et la carte de mon iphone qui marche à peu près, je finis par trouver le magasin. Il est tout petit, ne paie pas de mine et je ne l'aurais probablement même pas vu si j'étais passé devant sans le connaître mais je fais confiance au gars que j'ai vu une fois dans ma vie pendant deux minutes!
J'entre, j'explique mon problème, on me dit: "c'est possible" pour 20£ et en une heure. Ça me va, je n'ai pas beaucoup de choix de toutes façons. En sortant, je pense chercher un cybercafé mais quasiment en face de la boutique de téléphone, je vois un tout petit magasin de vélo qui ne paie pas de mine mais qui ressemble un peu à tous les petits vélocistes qui nous ont dépanné sur la route au Japon. D'ailleurs je me méfie des grands vélocistes dont la réponse est généralement: "non, votre vélo est trop vieux, faut acheter un de mes modèles à 1000€" (je caricature à peine). Je m'approche pour être sûr que l'enseigne est encore d'actualité et que c'est ouvert. C'est ouvert! J'entre et j'explique mon problème à John Bernard, le propriétaire du magasin, originaire du Liberia. Tout de suite, j'aime sa réaction. Il ne me parle pas de changer le panier, le vélo ou mon itinéraire mais il commence par imaginer comment bricoler cette histoire pour que ça fonctionne! On a donc la même passion: bricoler des bicyclette!!!
C'est pas gagner pour autant, on discute et on conclut qu'il faut soit resouder les supports du panier (sans certitude que ça tienne longtemps et on n'a pas de nécessaire à souder) soit on peut imaginer renforcer le fond du panier avec une plaque métallique suffisament solide (à noter qu'on n'a pas de plaque métallique non plus). On trouve que c'est quand même la seconde idée la meilleure! John m'indique alors comment aller au magasin de bricolage le plus proche, qui est quand même assez loin. Je suis confiant ce matin, donc je tente le coup. Au bout de dix minutes, je suis perdu dans un quartier vide et personne à qui demander mon chemin... La seule option que je trouve est un tout petit centre de rétention pénitencière. J'y entre et c'est aussi glauque qu'on peut imaginer une prison et il n'y a personne (même derrière l'unique guichet).
Il y a quand même un bouton d'appel, j'appuie en espérant voir arriver quelqu'un. Mais j'entends simplement une voix dans les haut-parleurs au-dessus de moi. Je m'excuse aussi platement que possible et explique pourquoi je suis là. S'ensuit un silence de quelques secondes qui semble beaucoup plus long dans un univers carcéral. Puis une autre voix me répond: "Sortez du batîment sur la gauche, c'est au bout de la rue". Je dis merci et me dépêche de sortir. C'était effectivement à 500m de là.
Je fais un petit tour du magasin, je demande à une vendeuse et elle me trouve exactement ce que j'ai en tête. Je retourne donc avec ma petite plaque j'ai John Bernard. En fait, je passe d'abord au magasin de téléphone car ça fait déjà une heure: le téléphone fonctionne encore mieux qu'avant que je le casse, c'est très bien. Puis en face, John me dit que c'est ce qu'il voulait et qu'il pense en avoir pour 1h et 20£. Ça me parait plus que raisonnable. Je m'installe dans un coin, je griffone des cartes postales, je fais des mails, je mange des Mc Vities et j'observe les tableaux de John exposés dans le magasin.
Au bout d'une heure et quart, John ressort de son atelier avec mon vélo prêt à repartir. Je lui demande s'il peut regarder vite fait mon petit problème de clavette. Ça lui prend dix minutes de plus, il me bricole un petit truc malin et qui a l'air efficace (on saura vraiment dans quelques jours quand je ferai de la montagne). Je lui demande combien je lui dois parce qu'il facture à l'heure et que je lui ai ajouté des tâches. Il me dit: "j'ai dit 2O quid, ce sera 20 quid". J'ajoute quand même un billet de 5. Il me fait une facture de 20 et me dit qu'il boira le reste à ma santé. Voilà, une très chouette rencontre donc et qui sauve la suite du voyage.
Ensuite, je vais faire un tour dans le centre de Liverpool. Au passage, je passe dans un des magasins de vélo que m'avait cité Jo. Ils n'ont même pas de patins de frein pour un vélo si vieux que le mien. Je me rends bien compte que j'ai eu beaucoup de chance de tomber sur un vélociste de la trempe de John Bernard.
Le centre de Liverpool ressemble au centre de n'importe quelle autre ville british sauf qu'il y a plus de références aux Beatles. Je n'y reste pas longtemps et je cherche un cybercafé. Je finis par en trouvé un assez difficilement, et j'y passe une heure (seulement car ils doivent fermer exceptionnellement ensuite). J'ai au moins le temps d'envoyer des demandes d'hébergement pour la semaine qui vient.
Ensuite, je me dirige vers chez Ivan, un lithuanien qui m'hébergera ce soir. Il habite un peu au nord de Liverpool. Sur la route, je fais un léger détour pour passer à l'endroit où je pense avoir perdu ma chaussette coréenne (faut suivre) hier. Et... bingo! Elle m'attend toute dégeulasse dans le caniveau!!!
Je me rends chez Ivan, il n'est pas encore là, alors je bricole un peu mes pédales pour avoir un pédalier bien symétrique après tous ces bris de matériel. Ensuite on va faire des courses avec Ivan puis je fais quelques mails pendant qu'il appelle sa petite amie qui rentre de Lithuanie dans trois jours. Puis il insiste pour me faire une visite de Liverpool à vélo. Il connait une colline d'où on a un très beau point de vue...
Je ne suis pas très chaud car je comptais me reposer aujourd'hui avant d'attaquer des montagnes pendant une semaine mais il est très motivé. En plus, Ivan participe régulièrement à des courses et est très rapide, bref, tant pis pour le repos. On finit la visite par un resto végétarien très sympa, alors qu'on n'a pas arrêté de manger depuis deux heures (oeufs, saucisses, beurre de cacahuètes, gâteaux, bananes, clémentines). Il me fait penser à Dimitri, mon coloc biélorusse du temps où j'habitais Paris.
Ensuite on rentre et on ne tarde pas à se coucher car il faut se lever à 6h30 demain. Pour une journée de repos, la nuit s'annonce courte et j'aurais fait 47km!
(Je dois préciser que Ivan est un fan des films de Louis de Funès, on en a discuté longtemps. Les pays de l'ex-URSS diffusent les classiques français plutôt que ceux de l'ennemi américain. Du coup, tout le monde connait de Funès là-bas. Alors que je nous ne connaissons pas beaucoup d'acteur lithuanien chez nous...)
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