Honfleur-Fécamp:
Autoroute et torrents
Vendredi 15 Novembre 2019
Nous avons décidé de partir dès le jour levé ce matin, il était huit heures. Il fait gris et froid à Honfleur. Tellement froid que dès que nous sortons de la ville, toute la végétation est prise dans le givre. La météo a prévu beaucoup de pluie pour toute la journée sans interruption et ce matin, nous sommes préservés pendant une heure par les températures négatives. Ça nous va, c'est franchement mieux que la flotte.
Pour rappel, aujourd'hui, nous avons prévu de passer par Le Havre dans l'espoir d'enfin pouvoir changer notre premier plateau devenu inutile. En partant de Honfleur, si on ne veut pas faire 75 bornes, il faut passer par le pont de Normandie. Pour ceux qui ne connaissent pas, le pont de Normandie est une autoroute qui permet de franchir l'estuaire de la Seine. Le pont dispose de 4 voies de circulation (deux dans chaque sens). Les voies sont beaucoup plus étroites que sur une autoroute normale. Il n'y a pas de BAU car quelqu'un, quelque part dans un bureau a décidé d'ouvrir le pont à la circulation des cyclistes. Ainsi nous disposons royalement d'une bande de 50-60cm coincée entre la voie de droite et le parapet (qui n'est pas très haut). Pour information, mon guidon fait un peu plus de 70cm de large et mes sacoches dépasse de 15 à 20cm de chaque côté. Autant dire, que ça fait plus que ridiculement étroit et que nous nous attendions à nous faire frôler par des camions lancés à pleine vitesse sur autoroute. Il faut rajouter que le pont fait 2km et qu'il monte donc sur 1km à 4-5%.
Sachant tout celà, nous avons quand même décidé de le prendre (un vrai voyage à vélo passe toujours par une autoroute) et les services d'entretiens nous avaient préparé une super surprise. En effet, à la base du pont, les deux voies de droite (plus la "bande cyclable") sont fermées et la circulation est déviée sur une des voies qui roule normalement en sens inverse. Comme dans 99% des cas de travaux, déviations ou imprévus, rien n'est prévu pour les vélos (ils n'ont qu'à faire de la bagnole comme tout le monde après tout) et donc nous nous sommes retrouvés en plein milieu de l'autoroute sur une voie ne laissant aucune possibilité de dépassement (probablement ce qui nous a sauvé), le tout en roulant à 8km/h parce que une côte à 5% sans vitesse et ben c'est pas facile! Fort heureusement, le camion juste derrière nous était patient. Ça nous a bien occupé 20mn, la descente allant beaucoup plus vite. Et on a eu droit à quelques coups de klaxon à l'arrivée et des regards effarés.
Bon ça c'est une chose mais ensuite il faut rejoindre Le Havre et traverser toute la zone portuaire donc sur 10km c'est un balai incessant de camions sur des routes peu amènes au vélo qui nous attendait. Pour parfaire la situation, la températures étant légèrement remontée, la pluie a commencé à tomber. Nous sommes tout de même arrivés pour l'ouverture du magasin de vélo que nous avions contacté et qui nous avait confirmé avoir la pièce qu'il nous faut. Et là, le gars qu'on a eu au téléphone, se rend compte qu'il s'est planté et qu'il nous a fait venir pour rien... Heureusement que nous pratiquons un art martial de défense parce que nous avions des envies d'attaques assez impulsives... Bref, nous ne partions pas sur des bases de la meilleure journée du voyage.
Malgré tout, il faut continuer à rouler et nous quittons Le Havre en direction d'Étretat. Il faut un peu monter pour sortir du Havre mais rien de méchant et il y a beaucoup de pistes cyclables plutôt bien faites dans toute la ville donc c'est cool. Ensuite nous prenons les routes de campagne dans les hauteurs. La pluie est de plus en plus intense et les nuages sont bas. On ne voit rien et on se contente d'avancer pour se rapprocher de la maison. On ne verra rien des falaises, on ne verra jamais la mer même à 100m, pas un paysage. Tout ce qu'on verra ce sont des champs et des routes inondées. La terre est tellement gorgée d'eau qu'elle refoule tout ce qu'elle reçoit, des ruisseaux se créent dans les champs et se déversent sur les routes. Dans les routes qui descendent vers les plages ou qui en remontent, nous roulerons (parfois sur plusieurs kilomètres) dans 10, 20, 30cm de boue! C'est vraiment impressionnant. À tel point que plusieurs voitures s'arrêteront pour nous prévenir que sur tel route un arbre est tombé ou qu'à tel endroit il y a 50cm d'eau sur la route avec du courant, etc... On s'amusera à regarder les voitures passer dans les ruisseaux: certaines arrivant à toute allure, engendrant des trombes d'eau, qui freinent en urgence parce qu'elles viennent de se faire une bonne frayeur; d'autres plus prudents qui décident de faire demi-tour.
Bref, c'est un des plus beau déluge sous lequel nous ayons roulé. Nous ferons une petite halte dans une brasserie à Étretat pour boire un chocolat chaud et manger une planche de charcuterie (Sandrine a même pris un vin chaud). Et nous déciderons d'écourter la journée, nous devions aller jusque Veulettes-sur-Mer, finalement nous choisirons un petit hôtel à Fécamp. Cette fois-ci, nous avons de l'eau chaude mais pas de chauffage. Malgré l'aide du gérant qui a essayé de bidouiller notre chauffage, rien n'y fait. En plus le gérant est parti et son employée, elle, nous prend pour des jambons. Conclusion, impossible de faire sécher nos affaires mouillées: chaussettes, chaussures, gants, vestes, sacs, sac de couchage du chien, etc... C'est pire qu'au camping. On repartira demain avec des affaires mouillées pour faire 100km de vélo, sympa. Enfin, on a quand même décidé d'étaler le sac du chien et nos chaussures sur le chauffage de l'accueil, chauffages qui eux fonctionnent...
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